Le Chevalier errant & La Forêt mystérieuse
Gabriel Petit-MuretPar un beau soir de septembre de l’année 1518, une vieille femme, bizarrement vêtue, s’avançait lentement, courbée sur un bâton de houx, dans la grande allée du château de la Roche-Brune. Un châle rouge aux franges noires l’enveloppait comme un grand manteau. Sur sa tête, un mince fichu tout déchiré laissait dépasser quelques mèches de cheveux blancs encadrant un visage décharné, au nez crochu comme un bec d’aigle, et à la mâchoire édentée et branlante. Ce qui frappait surtout dans cette figure ravagée par les ans, c’étaient les yeux, deux yeux vert clair, luisants comme ceux d’un chat et reflétant la dureté et la méchanceté d’une âme perverse. Sur les épaules de la vieille femme, une cage d’osier laissait apercevoir trois oiseaux, une magnifique pie blanche et noire, un gros hibou endormi et une vilaine chouette. Avec un pareil accoutrement et de tels oiseaux, cette femme ne pouvait qu’être une sorcière. C’était, en effet, la sorcière de Fontcombault, connue dans le pays sous le nom de « la Hulotte », redoutée des paysans du voisinage, qui se signaient en la voyant et se hâtaient de s’éloigner, pour conjurer le mauvais sort.